domenica 8 marzo 2009

Comment expliquer le succès de second life ?


Doctissimo : Comment expliquer le succès de second life ?

Dr Tisseron : Les espaces virtuels sont de véritables révolutions pour les internautes : ce sont des fictions ou l’on peut interagir par l’intermédiaire d’un avatar - une sorte de marionnette de pixels qui nous représente. On peut explorer des espaces, mais aussi fabriquer des objets ou des services et les vendre. Du coup, on s’y sent physiquement présent ! Mais c’est surtout la curiosité qui pousse les gens à aller sur Second Life et beaucoup n’y retournent pas. Quant aux habitués, si on en croit les lieux les plus fréquentés, ils sont principalement intéressés par les rencontres sexuelles !

Doctissimo : Mais comment peut on avoir des relations sexuelles dans un monde virtuel ?

Dr Tisseron : On en fabrique l’équivalent. D’abord, on peut aller dans des lieux spécialisés où se trouvent des boules bleues pour les garçons et roses pour les filles. Si votre avatar touche une telle boule, il mime une position sexuelle stéréotypée. Avec deux avatars, ça devient l’image animée d’une relation sexuelle. Mais vous pouvez aussi aller voir un "Escort". Il s’agit d’un spécialiste en code informatique qui va, moyennant quelque Linden Dollars (la monnaie officielle de ce monde), vous créer des programmes sur mesure en fonction de vos envies sexuelles particulières.

Doctissimo : Mais cela reste virtuel, pourquoi est-ce que cela attire tant les gens ?

Dr Tisseron : D’abord, chez certaines personnes, les représentations visuelles sont des stimulations très fortes qui peuvent donner l’équivalent de sensations tactiles. Mais c’est surtout le plaisir pris à regarder des ébats érotiques ! En effet, dans Second Life, en plus des films pornographiques classiques qu’on peut trouver, on peut observer sous toutes les coutures les ébats de son avatar. On peut zoomer, tourner autour, bref, se faire son propre film pornographique.

Par avatars interposés, on peut donc mettre en scène ses rêveries érotiques les plus secrètes. Sur Second Life, il n’y a aucun interdit, à part la pédophilie, et aussi l’impossibilité d’imposer à un autre avatar quelque chose qu’il ne veut pas faire (il suffit, dans n’importe quelle situation, d’appuyer sur la touche "se lever"). Cela laisse donc libre court à pratiquement tous les fantasmes, notamment sado masochistes et zoophiles. On peut tous les visualiser. Il y a aussi l’attrait pour la transgression du sexe que la nature nous a imposé : la moitié des usagers utilise un avatar de l’autre sexe. Pour les hommes, cela permet par exemple d’aller dans les salles réservées aux lesbiennes, d’entrer dans les vestiaires des filles en quelque sorte. Mais toutes ces pratiques sont en même temps terriblement solitaires. C’est pourquoi je vois Second life comme l’empire de la MAO, c'est-à-dire de la Masturbation Assistée par Ordinateur !

Doctissimo : Quel est le profil des avatars rencontrés sur second life ?

Dr Tisseron : C’est le monde de Ken et Barbie ! Tout le monde est jeune et beau. On trouve facilement des peaux blanches, roses, ou à la rigueur un peu jaunes… Mais pour trouver une peau noire, c’est plus difficile. Quant à trouver une peau ridée, c’est impossible.

Doctissimo : Peut-on considérer Second Life comme un espace de totale liberté ?

Dr Tisseron : Au contraire, tout est sous contrôle. Vous ne faites que louer du temps de serveur à la société Linden-lab, qui est propriétaire de tout, et peut, d’un simple clic, effacer votre avatar, fermer votre compte et garder tout ce que vous avez fabriqué. On est dans un monde totalitaire, un mélange du "Meilleur des mondes" et de "1984"…

Doctissimo : Peut-on devenir accro à Second Life ?

Dr Tisseron : L’espace virtuel a un fort potentiel d’addiction. Mais tout le monde n’est pas menacé de la même façon. Il y a des gens qui passent leurs nuits sur Second Life et se désocialisent totalement pour échapper à leur quotidien. Ce sont surtout les gens qui redoutent le contact physique. Si l’on n'a pas de problèmes de ce côté-là, on est vite frustré par l’absence de contacts sur Second Life. Mais si l’on a ce type d’appréhensions, Second Life est idéal : on peut tout faire sans se toucher réellement !

Le risque est que Second Life n’entretienne pas seulement les problèmes de désocialisation, mais les renforce. Dans la vie réelle, on est obligé d’affronter des situations, de les surmonter. Dans Second Life, la règle c’est la fuite ! Car dans ce monde virtuel, on peut toujours éviter les contacts, les conversations et toutes les situations qui nous dérangent.

Doctissimo : Mais second life a-t-il de bons côtés ?

Dr Tisseron : Second Life peut permettre à des personnes qui ont un problème de contact, d’essayer différentes stratégies relationnelles, avant de les mettre éventuellement en pratique dans la vraie vie.

Il peut aussi permettre de reprendre confiance en soi. Le fait de rencontrer des gens, de discuter aide à renforcer l’estime de soi. A condition d’aller ensuite dans le monde réel !

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